REUNION GTV PACA DU 17/01/2000

Le 17/01/2000 à SISTERON
OBJET : Position des vétérinaires sur la prescription des aliments médicamenteux

Cette réunion a été programmé suite à la demande de confrères du département 04 ;
Etaient réunis à SISTERON 14 vétérinaires représentant les principaux cabinets vétérinaires ruraux et mixtes des départements 05, 04,13,et les vétérinaires conseils des groupements de producteur de la région.
Etaient présent : Blisson , Champion, Boiville , Rey, Schneider, Gavet, Apprin, Gauchot, Feriaud , Eon, Baur, Jankowiak Bernard et Anne.
Excusés : D'hauenens, Garcia, Corréard.
L'objet de la réunion était d'entendre les avis de chacun , de rappeler la législation et de voir si l'on pouvait proposer une conduite légale , responsable et applicable facilement en pratique quotidienne .

1) TOUR DE TABLE

Situation locale :
- Les vétérinaires des départements 04 et 05 ont reçu de la part d'éleveurs qu'ils suivent dans le cadre de leur clientèle des demandes pour signer des ordonnances quelquefois préétablies ! !pour des aliments médicamenteux. Ces éleveurs utilisent visiblement depuis des dizaines d'années des aliments médicamenteux qui leur sont délivrés soit sans ordonnance soit avec des ordonnances signées par des confrères qui pour le moins n'ont guère de probabilité d'avoir pu visiter l'élevage de manière régulière.
Il semblerait que les vétérinaires des maisons d'aliment ne souhaitent plus endosser la responsabilité de prescription d'aliment médicamenteux. D'où un retour vers le vétérinaire local ! ! !
- D'autre part des représentants de diverses maisons d'aliments sont venus voir des confrères pour savoir s'ils acceptaient de faire des ordonnances pour des aliments médicamenteux, et discutant de tarifs, '' à l'ordonnance '' ou au '' tonnage '' ; choquant au niveau du principe car réduisant la prescription à un banal papier ou encourageant une surconsommation et corollaire évident tarifs dérisoires puisque l'acte est banalisé et dérisoire aussi au motif du faible rapport sur l'aliment médicamenteux.
Cette démarche a énormément choqué des confrères qui ont adopté une attitude de refus systématique.

Constat :
- Le marché des aliments médicamenteux est un petit marché dans la région PACA en tonnage et il semblerait que les maisons d'aliments souhaiteraient limiter au maximum la fabrication d'aliments médicamenteux supplémentés en antibiotiques.
- Les maisons d'aliments invoquent le très faible gain sur l'aliment médicamenteux, cependant la fourniture d'un médicamenteux est un service et s'accompagne toujours d'un aliment classique pour toute la campagne avec de forts tonnages ; il est donc spécieux d'invoquer un faible bénéfice pour rémunérer une prescription à un prix dérisoire.
- La responsabilité du vétérinaire prescripteur, elle, ne dépend pas du bénéfice sur l'aliment médicamenteux.

Attitudes exprimées :
Ordonnances établies, refus total s'il n'y a pas de visite sur le lot concerné, refus absolu de signer une ordonnance préétablie, signature d'ordonnances dans les élevages ayant eu une visite annuelle (PSE) ou des visites de prophylaxies ou de soins.
Certains, fort honorablement, ne souhaitent pas pénaliser financièrement des éleveurs, qu'ils visitent très souvent dans le cadre de leur clientèle quotidienne, par un coût supplémentaire pour la prescription d'un aliment médicamenteux pour un lot particulier d'animaux.

2) ANALYSE PLUS DETAILLEE

- Une distinction est faite entre les supplémentations antibiotiques et en anticoccidien. Les uns sont partisans de ne plus prescrire de supplémentations antibiotiques qui auraient pour seul résultat de masquer des erreurs hygiéniques et sanitaires, mais de continuer à prescrire des suppléments anticoccidiens (décoquinate).
D'autres estiment que l'utilisation raisonnée de l'aliment médicamenteux supplémenté en antibiotique (période limitée choix judicieux de l'antiinfectieux, doses correctes) reste un bon choix lors d'accident pathologique sérieux d'un lot à l'engrais, évitant peut être une utilisation mal contrôlée d'injectables.
- Une discussion s'engage sur le risque de création d'antibiorésistance : vaut-il mieux une utilisation rationnelle d'un aliment médicamenteux ou des traitements injectables de groupe ? Des éléments scientifiques objectifs seront nécessaires à notre réflexion.

- Distinction entre prescription à titre préventif ou à titre curatif :
Préventif = certains sont favorables à la suppression des aliments médicamenteux préventifs supplémentés en antibiotiques (habitude sans réelle nécessité, cache misère etc...), d'autres pensent qu'ils restent nécessaires selon les conditions d'élevages (bâtiments difficiles à adapter, hygiène ne dépendant pas que de l'éleveur). Tous s'accordent à dire que cette prescription doit toujours s'accompagner de conseils qui permettraient d'en arrêter l'utilisation.
Presque tout le monde est d'accord sur l'aspect positif de l'utilisation de supplémentation en anticoccidien ( décoquinate) , opinion nuancée par certain en raison de l'apparition du traitement au Vécoxan qui donne de très bon résultats .Leurs indications ne sont techniquement identiques.
Problème de LA ou DES visites pour la prescription d'aliments médicamenteux préventifs.
Une visite par campagne peut être envisagée à condition que la prescription soit formalisée par une ordonnance écrite, numérotée, détaillée, comportant avec précision l'effectif du cheptel et des agneaux devant recevoir l'aliment, la durée précise, le temps d'attente, un tonnage approximatif et des conseils sanitaires hygiéniques et préventifs en parallèle.
Un exemplaire pour l'éleveur, un exemplaire pour le fournisseur, un exemplaire pour le vétérinaire.
Un système d'ordonnance fille toujours numéroté pourrait permettre d'identifier précisément à quel lot d'agneau ( liste des N° des boucles auriculaires) est destinée une quantité précise d'aliment.
Curatif = Il s'agit là essentiellement d'aliments médicamenteux supplémentés en antibiotique permettant de récupérer un lot d'animaux lors d'un accident pathologique de groupe sévère. Dans ce cas là le vétérinaire est systématiquement venu dans l'élevage pour faire le diagnostic au travers d'examens clinique ou a pratiqué des autopsies. La prescription découle donc naturellement de cet acte , il convient de rédiger avec soin l'ordonnance en respectant les mentions légales N° des animaux ,dosage , durée d'administration et délai nécessaire avant abattage. Le problème essentiel est technique , adéquation entre le choix de l'antiinfectieux adapté et possibilités offertes par le fabricant . La question de la création possible de germes antibiorésistants reste à analyser en profondeur.

- Réflexion sur la prescription
Au cours de ce tour de table une réflexion a été engagée sur la prescription en général ,sur les obligations légales concernant l'ordonnance vétérinaire , rédaction ,conservation etc.. à partir de quelques transparents .

3) SYNTHESE DE LA SOIREE

A l'issue de cette réunion une synthèse de nos réflexions nous conduit à proposer la position suivante qui tient compte des diversités de sensibilité qui relèvent de la liberté de prescription.

L'aliment médicamenteux qu'il soit prescrit à titre curatif ou préventif est soumis légalement à ordonnance vétérinaire .
Cette ordonnance est la concrétisation d'une prescription qui rappelons le nécessite :
o Une bonne connaissance du troupeau et de son environnement (animaux, locaux ,pâtures etc..)
o Une bonne connaissance des contraintes humaines et matérielles de l'élevage
o L'établissement d'un bon diagnostic
o L'élaboration d'un traitement adapté
Des conseils sanitaires, hygiéniques et préventifs judicieux

Le vétérinaire peut et même se doit de prescrire un aliment médicamenteux si cela lui paraît la conduite la plus adaptée pour maintenir la santé de l'élevage,.
Dans son choix entre évidemment le soucis de la santé publique à partir des informations scientifiques dont il dispose .

Il se doit de respecter les obligations légales, notamment la rédaction d'une ordonnance numéroté comportant les éléments suivant.

ORDONNANCE OBLIGATION LEGALE
mentions obligatoires
o Nom du propriétaire - numéroté - daté
o Identification de l'animal ou du lot
o Nom du médicament
o Posologie à appliquer
o Voie d'administration
o Délai d'attente : lait, viande, œuf
o Non renouvelable
o Mentions souhaitables : conseils hygiéniques , sanitaires , préventifs.

Il se doit de respecter un certain nombre d'obligations pratiques et rappeler à l'éleveur celles qui lui incombent.
Obligations pratiques

VETERINAIRE
o respect des bonnes pratiques d'utilisation du médicament
o Rédaction de l'ordonnance
o conseil voie administration, rythme des injections, stockage
délai d'attente
o conservation des ordonnances

ELEVEUR
o Respect de la prescription
o Respect des délais d'attente
o assurer la traçabilité
o conservation de l'ordonnance

IL S'AGIT DONC BIEN D'UN ACTE VETERINAIRE QUI ENGAGE PLEINEMENT SA RESPONSABILITE PROFESSIONNELLE.

Libre à tout vétérinaire praticien de faire ponctuellement un acte gratuit pour un de ses fidèles clients. Libre à une maison d'aliment du bétail de faire une remise à un éleveur sur un contrat annuel d'achat d'aliment , mais en aucun cas la prescription d'un aliment médicamenteux ne doit être un acte bradé techniquement ce qui serait très grave .
Cet acte a en conséquence au plan financier la pleine valeur d'un acte vétérinaire.

 

Georges Blisson


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